Les jeunes manquent-ils réellement d’esprit entrepreneurial ? : Moukawalati toujours en rodage

«Moukawalati » n’est pas une fin en soi. C’est un programme qui vise à insuffler une nouvelle dynamique à la création d’entreprise et, par conséquent, à la création d’emploi. Les propos émanent de Jamal Rhmani, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle qui a co-animé, lundi à Casablanca, une conférence consacrée à la présentation du Plan de relance du programme national d’appui à la création d’entreprise. A une question sur le bilan d’étape de ce programme, Jamal Rhmani a été on ne peut clair: «On ne sera satisfait que lorsque les améliorations décidées seront introduites et que le programme sera relancé à nouveau». Il faut reconnaître que le programme Moukawalati n’est pas encore rodé et que des mesures audacieuses doivent être mises en œuvre pour obtenir les résultats escomptés. Le système bancaire qui est systématiquement montré du doigt est appelé à s’impliquer réellement dans le financement des projets. Il n’est pas question de lui endosser toute la responsabilité, mais il y a des projets qui n’ont besoin que d’argent pour se mettre sur les rails. Heureusement, d’après le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, que les derniers mois de 2008 ont été caractérisés par «une bonne réaction des banques marocaines» qui accordent plus d’intérêt aux jeunes porteurs de projets de création d’emploi. Pour preuve: «1600 dossiers ont été débloqués en 2008 contre 527 seulement en 2007», indique le ministre. Mais qu’est-ce qui fait que le programme Moukawalati n’a pas produit les effets attendus? Deux éléments expliquent cette situation : l’accompagnement des jeunes porteurs de projets faisait défaut. D’où les mesures préconisées et qui consistent à investir en matière de formateurs mis à la disposition de guichets uniques ; l’implication de l’ANPME, en particulier dans la phase de l’après-création. Il faut reconnaître, cependant, que c’est l’esprit entrepreneurial qui manque aux jeunes porteurs de projets de création d’entreprise. C’est pour cette raison d’ailleurs que des filières seront dédiées au niveau des universités et centres de formation professionnelle pour remédier à cette défaillance de taille. En rapport avec la campagne de communication qui sera lancée incessamment autour dudit programme, le ministre de l’Emploi a annoncé que 500 rencontres locales et nationales sont programmées afin de donner une plus grande visibilité à Moukawalati. Le programme Moukawalati, premier instrument intégré impliquant décideurs, établissements publics, banques et société civile pour accompagner les porteurs de projets et la promotion de la PME. Selon M. Rhmani, il a permis la formation de plus de 6.000 porteurs de projets, dont 4.133 déposés, à fin janvier, auprès des banques. Au total, 1.713 ont été approuvés et 1.405 déjà financés. Par ailleurs, la conférence organisée, lundi à Casablanca, a été une occasion pour présenter un plan de relance du programme national d’appui à la création d’entreprise “Moukawalati’’. Ce plan qui ambitionne de donner un nouveau souffle au programme, lancé il y a 18 mois, et l’adapter davantage aux attentes de tout porteur de projet, se décline en cinq axes. Il s’agit d’abord, selon Hafid Kamal, directeur général de l’ANAPEC, de l’ouverture du programme Moukawalati à tous les porteurs de projets et non plus aux seuls diplômés, comme c’était le cas auparavant. Il est aussi question d’élargir le réseau des guichets, qui passeront de 115 à 183 et de renforcer le nombre d’accompagnateurs, à travers la formation de 112 nouveaux et le perfectionnement de 22 autres déjà en fonction et de doter l’ensemble des intervenants en outils et supports pédagogiques nécessaires. Le troisième axe a trait à la dynamisation des comités régionaux qui se traduira par des journées d’information et la mise en place de comités techniques locaux, alors que l’action de sensibilisation des agences bancaires locales se déclinera par l’identification d’un interlocuteur par banque et par préfecture, l’implication des agences dans les travaux des comités techniques locaux du programme et leur incitation au respect du guide pratique. Quant à la campagne de communication, elle se basera sur la présentation de cas d’expériences réussies à travers les médias audiovisuels et la presse écrite, l’affichage, des séances d’information (500) pour les porteurs de projets, le lancement d’un nouveau portail du programme et la mise en place d’un centre d’appel. Ce plan devra aussi pallier certaines insuffisances (communication et proximité) assorties d’un diagnostic réalisé et qui a également mis en évidence nombre d’acquis, tels le dispositif assurant un accompagnement global et intégré, le pilotage à tous les niveaux du processus ou encore l’implication de l’ensemble des partenaires.